Par Daniel Van Lerberghe, en direct d’Israël – 15 juin 2025
Dans le train reliant Tel Aviv à Ashkelon, un après-midi de juin s’annonçait banal. Le soleil frappait les vitres, les conversations étaient feutrées, les téléphones cliquetaient. Et puis soudain, l’annonce glaciale du conducteur : « Alarme missile. Arrêt d’urgence à Ashdod. Veuillez descendre immédiatement et rejoindre les abris. »
L’ambiance bascule. Plus un mot. On descend, presque mécaniquement. Une cinquantaine de passagers se regroupent dans un abri public, une chambre forte prévue pour ces moments d’urgence. Touristes, familles, enfants, habitués du trajet — chacun retient son souffle. Le silence est dense. Et puis, la sirène. Sourde. Longue. Inquiétante.
À l’extérieur, le ciel s’embrase. On distingue les flashs des interceptions. Grâce au Dôme de Fer, les missiles iraniens sont arrêtés avant de toucher terre. Un souffle de soulagement parcourt l’abri. Les regards se croisent brièvement. Pas un mot. Mais cette tension familière laisse place à un réflexe national : on sort, on remonte dans le train. La vie reprend.
En Israël, on ne parle pas de peur, mais de réflexes. On ne s’habitue jamais aux missiles, mais on apprend à vivre avec eux. C’est là, peut-être, le sens le plus fort de cette résilience israélienne : continuer malgré tout. Ne pas céder à la panique. Garder le cap.
Daniel Van Lerberghe, témoin direct de cette journée, confie que cette tension permanente est aussi une souffrance invisible. Une douleur silencieuse, celle de vivre chaque jour avec l’angoisse qu’un missile perce le système de défense. Mais cette souffrance ne devient pas haine. Elle forge une détermination calme, une volonté de tenir debout.
Et au cœur de cette routine bousculée, une conviction : la paix reste possible, mais elle ne viendra qu’à travers la sécurité, la justice et la reconnaissance réciproque.