KNDS Belgique, on produit des munitions de moyens et de gros calibres comme les obus de 120 mm. Ici, les machines tournent 24 heures sur 24. Ces derniers temps, les carnets de commandes ont considérablement augmenté. Ils ont été multipliés par quatre en moyenne. Mais pour produire ces munitions, il faut de la poudre et des explosifs. Et la pression est forte sur les marchés.
« Les poudres et explosifs sont en tension sur le marché mondial« , a constaté Arnaud Le Grelle, responsable des Affaires Publiques KNDS Belgique. « C’est un défi auquel nous sommes confrontés. Mais nous avons pris un certain nombre de mesures et continuons d’en prendre pour sécuriser notre capacité de travail. On a pris des risques aussi qui consistent à anticiper et à passer des commandes plus de trois ans à l’avance. »
Le groupe a donc misé sur la prudence. En Belgique, il n’existe plus qu’une seule usine de production de poudre, celle d’Eurenco, un groupe français. Leur usine de Bergerac dans le Périgord vient d’être étendue car la France veut renationaliser sa production de poudre.
Quelque chose qui n’aurait jamais dû être délocalisé
« Nous allons multiplier par dix nos capacités de production de poudre aux bornes du groupe en investissant en Suède et en investissant sur une nouvelle usine, ici à Bergerac », explique Thierry Francou, PDG d’Eurenco.
« C’est la démonstration même de la relocalisation de quelque chose qui n’aurait jamais dû être délocalisé, de mon point de vue : la production de poudre », commente Sébastien Lecornu, ministre français des Armées. « Un pays comme la France s’était mis en situation de dépendance de pays étrangers. »
Ce sont des investissements colossaux
De notre côté, la Belgique n’a pas annoncé d’intention de renationaliser la production de poudre. Pour les industriels, il faut plutôt tabler sur la solidarité européenne. « Considérer qu’il faut absolument avoir des fabricants d’explosifs au plan européen signifie que pour ces gens-là, il faut une vision à moyen et à long terme », réagit Arnaud Le Grelle, responsable des affaires publiques KNDS Belgique. « Ce sont des investissements colossaux dans une activité qui est très cyclique. Et cette vision à moyen long ou terme, c’est absolument indispensable pour ces métiers-là comme les nôtres. »
Face à la menace russe, l’Europe veut donc se réarmer mais les défis techniques sont encore nombreux. En plus de la poudre, l’acier forgé ou les composants électroniques primaires pourraient, eux aussi, venir à manquer.