Une offensive coordonnée et fulgurante
Dans la nuit du 12 au 13 juin, Israël a lancé une opération militaire d’une ampleur sans précédent contre les infrastructures nucléaires et stratégiques iraniennes. Baptisée « Rising Lion » (ou « Lion Dressé »), cette attaque simultanée a visé une centaine de sites clés répartis sur l’ensemble du territoire iranien, dans ce qui s’apparente à une frappe chirurgicale d’envergure stratégique.
Près de 200 appareils, dont des avions furtifs F-35I Adir, se sont déployés en cinq vagues coordonnées. Ils ont franchi l’espace aérien régional via des corridors neutralisés par une intense guerre électronique, soutenue par des cyberattaques menées par des unités israéliennes spécialisées. Les systèmes de défense anti-aériens iraniens, dont les batteries S-300 russes, ont été neutralisés avant même l’arrivée des escadrons, rendant la riposte immédiate quasiment impossible.
Parmi les cibles frappées figurent le complexe d’enrichissement de Natanz, le centre de commandement militaire à Téhéran, ainsi que des bases majeures des Gardiens de la Révolution à Ispahan et Tabriz. Selon des sources proches de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), les dégâts sur les infrastructures d’enrichissement d’uranium sont « considérables », notamment sur les chaînes de centrifugeuses IR-6 et IR-8.
L’opération a également eu une portée humaine et symbolique. Plusieurs personnalités de haut rang ont été tuées, ce qui équivaut à une décapitation du leadership sécuritaire iranien. Parmi les victimes confirmées :
Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution.
Mohammad Bagheri, chef d’état-major des forces armées.
Six scientifiques nucléaires, dont Fereydoun Abbasi, ex-directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.
Les pertes civiles, bien que limitées, sont significatives. Vingt morts, dont quatre enfants, et une cinquantaine de blessés ont été recensés à Téhéran et Ispahan. Le gouvernement iranien accuse Israël d’avoir frappé des quartiers résidentiels. Tsahal, pour sa part, affirme que les sites visés étaient des « cibles militaires déguisées en structures civiles », en violation selon lui des conventions de Genève par le régime iranien.
Pourquoi maintenant ? Le pari risqué de Netanyahu
L’attaque israélienne intervient à un moment particulièrement critique sur le plan régional et international. Plusieurs facteurs expliquent ce timing :
- Sabotage diplomatique : Le raid intervient à la veille du 6e cycle de négociations nucléaires entre l’Iran et les États-Unis à Mascate. En attaquant la veille des pourparlers, Israël semble vouloir torpiller définitivement toute voie diplomatique, soulignant sa méfiance quant à un éventuel nouvel accord.
- Fenêtre tactique : Le Hamas est en net recul à Gaza après 20 mois de conflit, et le Hezbollah reste affaibli et peu actif au nord. Cette situation offre à Israël une marge de manœuvre opérationnelle rare, dans un contexte régional momentanément figé.
- Calcul politique interne : Confronté à des accusations de corruption, à des tensions au sein de sa coalition et à une baisse de popularité, le Premier ministre Benjamin Netanyahu joue ici une carte de survie politique. Comme le souligne Ofer Cassif, député de l’opposition : « La survie politique de Bibi passe par une guerre permanente ».
La riposte iranienne : puissante, mais impuissante
Dans les heures qui ont suivi l’attaque, l’Iran a tenté de répondre par une salve de plus de 100 missiles et drones kamikazes, tirés depuis ses bases occidentales. Selon l’armée israélienne, 100 % de ces engins ont été interceptés, notamment par les systèmes Dôme de fer et Arrow 3, soutenus par les radars américains installés dans le Néguev.
Mais au-delà de cette réaction symbolique, l’Iran semble dans l’impasse. Trois faiblesses majeures apparaissent :
Un échec technologique cuisant, révélé par la facilité avec laquelle Israël a contourné ses défenses.
Un vide de commandement, avec la perte brutale de deux figures centrales de la chaîne militaire.
Un dilemme stratégique profond : riposter avec force, au risque de déclencher une guerre ouverte avec Israël (et possiblement les États-Unis), ou temporiser et perdre en crédibilité régionale.
Le Guide suprême Ali Khamenei a promis un châtiment « amer et douloureux ». Pourtant, plusieurs analystes jugent improbable un franchissement du seuil nucléaire, en l’absence de consensus au sein du régime.
Un monde sur le fil : réactions internationales en ordre dispersé
La communauté internationale réagit avec prudence, mais aussi une forme de résignation. Aux États-Unis, le président Donald Trump affirme avoir été « informé, mais non impliqué ». Le secrétaire d’État Marco Rubio précise néanmoins que « toute attaque contre nos forces ou nos alliés entraînera une réponse immédiate ».
En Europe, les voix divergent. L’Allemagne annule une tournée diplomatique dans le Golfe, tandis que le Royaume-Uni soutient « le droit d’Israël à se défendre » tout en appelant à la retenue. À l’ONU, le Conseil de sécurité est paralysé, la Russie et la Chine ayant opposé leur veto à une résolution d’urgence proposée par les Occidentaux.
Dans le monde arabe, les réactions sont virulentes mais prévisibles. Le Qatar, l’Algérie et la Turquie dénoncent une « agression illégale », tandis que l’Arabie saoudite reste silencieuse, révélant les lignes de fracture de plus en plus visibles au sein du Golfe.
Vers un engrenage régional ?
Les conséquences immédiates se font sentir :
Le prix du pétrole a bondi de 12 %, alimentant des craintes de flambée inflationniste mondiale.
L’espace aérien iranien, irakien et syrien a été fermé, forçant les compagnies internationales à détourner leurs vols vers l’Égypte ou la Turquie.
La possibilité d’une accélération du programme nucléaire iranien devient crédible. Selon l’AIEA, si Téhéran décidait aujourd’hui de militariser son programme, il pourrait disposer de cinq ogives nucléaires dans un délai d’une semaine.
Du point de vue du droit international, plusieurs juristes dénoncent une violation de la Charte des Nations unies, l’absence d’attaque imminente rendant caduque l’argument de légitime défense préventive.
Les grandes questions en suspens
L’opération « Rising Lion » soulève des interrogations stratégiques majeures :
L’Iran possède-t-il la bombe ?
Non officiellement. Mais avec près de 13 000 centrifugeuses actives et plus de 400 kg d’uranium enrichi à 60 %, il détient tous les ingrédients nécessaires à une militarisation rapide.
Netanyahu a-t-il franchi une ligne rouge ?
En visant directement des installations au cœur de l’Iran, Israël brise la logique de confrontation indirecte qui prévalait depuis quatre décennies. C’est un changement de paradigme stratégique, qui rend possible une confrontation frontale avec l’Iran.
Quel est le rôle réel de Washington ?
Téhéran accuse les États-Unis d’avoir « orchestré le camouflage diplomatique » en feignant de relancer les négociations. Certains analystes parlent d’une entente tacite entre Washington et Tel Aviv, sans implication directe mais avec un feu vert implicite.
Une ère nouvelle de confrontation ouverte ?
Alors que les inspecteurs de l’AIEA fouillent les ruines de Natanz et que les pourparlers de Mascate sont suspendus sine die, une nouvelle ère semble s’ouvrir au Moyen-Orient. Plus directe, plus risquée, plus instable.
À Tel Aviv et Jérusalem, les sirènes d’alerte retentissent. Les abris anti-aériens sont ouverts, les écoles fermées. Le pays est en alerte maximale, conscient que l’Iran pourrait frapper ailleurs, plus tard, plus fort.
Dans une allocution télévisée, Benjamin Netanyahu a lancé un message au peuple iranien :
« Le moment est venu de vous unir contre le régime qui vous opprime et vous met en danger. »
Le « Lion » a rugi, et frappé. Mais ce rugissement marque-t-il la fin de l’escalade… ou son commencement ?