À l’heure où le changement climatique et la perte de biodiversité préoccupent de plus en plus de citoyens, la gestion des forêts belges fait l’objet de débats et d’innovations. Une récente enquête menée par l’association Forêt et Naturalité, en collaboration avec Gembloux Agro-Bio Tech, révèle que 66% des Wallons souhaitent voir davantage de forêts laissées en libre évolution, c’est-à-dire sans intervention humaine directe.
Libre évolution : un modèle de résilience et de biodiversité
Laisser une forêt évoluer naturellement, sans exploitation ni aménagement, permet à la biodiversité de se développer pleinement et favorise l’adaptabilité génétique des espèces face à des conditions environnementales changeantes. Selon Sébastien Carbonel, fondateur de l’association Forêt et Naturalité, les forêts en libre évolution sont plus résilientes que les monocultures ou les forêts intensivement gérées. Cette diversité d’essences et d’interactions biologiques rend ces écosystèmes plus résistants aux stress liés au climat et aux maladies.
La richesse de la biodiversité forestière ne se limite pas à ce qui est visible : une grande partie des espèces (champignons, lichens, mousses, insectes, bactéries) dépend du bois mort, souvent invisible pour le promeneur mais essentiel à l’équilibre écologique. Un tiers de la biodiversité forestière est ainsi lié à la présence de bois mort.
Gestion durable : multifonctionnalité et certification
Face à la demande sociale de naturalité, la Belgique a mis en place des outils pour garantir une gestion durable de ses forêts, conciliant production de bois, préservation de la biodiversité et accueil du public. Depuis 2008, le Code forestier wallon impose l’élaboration de plans d’aménagement forestier pour toutes les forêts publiques de plus de 20 hectares. Ces plans visent à :
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Décrire l’état des forêts et identifier les zones à protéger en priorité
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Définir des objectifs de gestion durable, incluant l’équilibre faune flore
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Planifier les interventions pour éviter la surexploitation
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Protéger la biodiversité et les sols
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Prévoir des espaces pédagogiques et de loisirs pour le public
La certification forestière, notamment via les labels PEFC et FSC, garantit aux consommateurs que les produits issus de ces forêts proviennent de gestions respectueuses de l’environnement et des fonctions sociales et économiques de la forêt. Plus de la moitié de la surface forestière wallonne est aujourd’hui certifiée PEFC, un standard reconnu internationalement et révisé régulièrement pour intégrer les meilleures pratiques.
La recherche d’un équilibre entre nature et société
Les témoignages recueillis en forêt illustrent la diversité des attentes : certains souhaitent plus de liberté et de nature sauvage, d’autres rappellent le besoin d’infrastructures minimales pour l’accueil du public (bancs, poubelles, sentiers).
Les politiques publiques cherchent à concilier ces usages en définissant différents types de zones : réserves intégrales en libre évolution, zones de développement de la biodiversité et forêts multifonctionnelles où cohabitent exploitation, conservation et loisirs.