Il y a une semaine, dans son interview de Pâques, Bart De Wever confiait ne pas bien dormir face aux difficultés budgétaires. Il parlait même de « Budget Titanic » laissé, selon lui, par ses prédécesseurs.
On passera sur les limites de la métaphore Deweverienne, mais on peut lui laisser que, comme dans Titanic, il est passé du « je vole« , lors de l’annonce de l’accord de gouvernement, au « je coule« , presque aussi vite que Rose et Jack.
Alertes sur le déficit du PIB de la Belgique
C’est la Commission européenne qui a alerté. Le déficit de la Belgique va encore se dégrader. Malgré toutes les annonces du gouvernement De Wever : économies sur les pensions, report de l’indexation, limitation du chômage dans le temps, économies dans les services publics, les chiffres ne montrent pas d’amélioration. Au contraire, la Commission prévoit un déficit de 5,4 % du PIB pour l’année 2025, la même chose l’an prochain, soit une aggravation de la situation. Ce qui fera de la Belgique un des pires élèves de la classe européenne. Les dépenses en matière de vieillissement et de défense pèsent lourd et la croissance ralentit encore.
La Cour des comptes n’est pas très optimiste non plus, et là, ce sont les calculs du gouvernement De Wever qui sont remis en cause. La Cour des comptes, après d’autres économistes et observateurs, confirme que les effets retours attendus par le gouvernement sont beaucoup trop optimistes. Les effets retours, c’est donc l’amélioration des paramètres escomptés par une politique. Si on crée de l’emploi, l’État perçoit, par exemple, plus de taxes et doit payer moins d’indemnité de chômage. Sauf que pour boucler son budget, le gouvernement comptait sur 8 milliards d’effets retours, quasiment un tiers des économies à réaliser. La Cour des comptes juge ce montant surestimé et rappelle que ces effets sont par nature très compliqués à quantifier. Il faudra donc faire des ajustements, dit la Cour. Cela laisse augurer de futures discussions très compliquées au sein de la majorité.
Le budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles aussi en difficulté
En Fédération Wallonie-Bruxelles, la situation n’est guère plus réjouissante. Là aussi, on est rapidement passé du « Je vole » au « je coule« . C’est la ministre-présidente Elisabeth Degryse qui l’avait elle-même annoncé en commençant son conclave : la situation était bien pire qu’escompté il y a encore quelques mois, et pas un peu, 336 millions d’euros. Au terme du conclave, le chiffre s’est subitement dégonflé. Le gouvernement doit concéder un déficit plus élevé de près de 200 millions et des économies supplémentaires de 25 millions d’euros. Les efforts seront largement reportés à l’année prochaine, en 2026. Comme pour le fédéral, je ne sais pas si la métaphore du Titanic est la bonne. Tant qu’a rester dans le maritime, tout ça me fait plus penser au radeau de la Méduse.