Rabat, 1er mai 2025 — À l’occasion de la fête du Travail, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et ancien chef du gouvernement, a une nouvelle fois fait parler de lui. Lors d’un meeting organisé par l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), bras syndical du parti islamiste, il a livré un discours mêlant critique sociale et engagement pour la cause palestinienne. Mais ce sont surtout ses propos polémiques, ciblant les partisans du slogan « Taza avant Gaza », qui ont enflammé les réseaux sociaux.
Benkirane s’en est pris frontalement à ceux qui, selon lui, opposent les priorités nationales aux causes internationales. “Taza est importante, mais Gaza l’est tout autant”, a-t-il martelé, en dénonçant une hiérarchie des combats qui affaiblirait selon lui la cohérence morale du pays.
Mais la tonalité de son discours a rapidement basculé dans l’invective. Qualifiant ses détracteurs de “microbes”, il a enchaîné avec un ton plus acerbe encore : “Ô âne des temps modernes, n’as-tu donc pas lu l’Histoire ?”, faisant référence à la chute des principautés musulmanes d’al-Andalus, minées, selon lui, par la division et l’égoïsme.
Ces déclarations ont soulevé une vague d’indignation. Pour de nombreux commentateurs et citoyens, ce vocabulaire, indigne d’un ancien chef du gouvernement, franchit une ligne rouge dans le débat public. Les critiques ne se concentrent pas tant sur la position politique exprimée que sur la violence symbolique des mots choisis, jugés insultants et méprisants.
D’autres voix dénoncent une instrumentalisation de la cause palestinienne, devenue, selon certains analystes, un réflexe de diversion au sein du PJD, surtout depuis sa perte d’influence dans les institutions après les élections de 2021.
Réélu pour un quatrième mandat à la tête du parti quelques jours plus tôt, Benkirane confirme par ce discours qu’il reste fidèle à son style direct, volontiers provocateur, qui divise autant qu’il galvanise. Mais dans un contexte social tendu et face à des attentes croissantes en matière de respect du débat démocratique, ses mots pourraient bien coûter cher politiquement.
