Avec la découverte des PFAS et de leur dangerosité, les fabricants de poêles ont été mis sous pression, accusés d’utiliser certaines de ces substances qui, recyclées ou non, pourraient nuire à l’environnement et aux consommateurs.
Ce qui fait débat, c’est ce fameux revêtement antiadhésif, celui qui empêche vos aliments de coller à la poêle. SEB-Tefal a pris les devants et a retiré l’un de ces PFAS, le PFOA, de la fabrication de ses poêles, depuis 2012, alors que l’Europe ne l’a interdit qu’en 2020.
Dans la fabrication des poêles, ce PFOA a été donc remplacé. C’est un autre PFAS, le PTFE (polytétrafluoroéthylène), qui a pris sa place. Est-il sans danger ? C’est ce qu’affirme SEB. « Ce revêtement est reconnu par les autorités sanitaires européennes et américaines comme sain et sûr à l’usage humain, en contact alimentaire, déclarait Stanislas de Gramont, le directeur général de SEB, lors d’un entretien à BFM, en janvier dernier.
La dangerosité de cette substance n’est pas avérée, c’est exact. Mais la neutralité de cette nouvelle génération de PFAS n’a pas non plus été validée par des études scientifiques. « Les poêles en aluminium couvertes de PTFE sont les meilleures parce qu’elles sont les plus sûres, les plus efficaces, les plus durables et les moins chères« , appuie le patron de SEB.
Mais pour les initiateurs de la loi anti-PFAS, il aurait fallu d’emblée considérer les PFAS (il en existe des milliers) comme une seule famille et non exempter l’un ou l’autre. « On ne connaît pas exactement la dangerosité de PFAS, commente Anne-Sophie Lahaye, collaboratrice du député Thierry, mais leur point commun est leur persistance, la difficulté de les éliminer et leur caractère potentiellement nocif. Par principe de précaution, on préférait interdire toute la famille et fonctionner par usage, en sachant que les usages (NDLR : cosmétiques, vêtements, farts de ski etc.) qu’on a visés dans la loi, ce sont des secteurs qui savaient faire autrement. »
Nous avons gagné une bataille culturelle.
Une intention qui n’a donc pas été suivie par le parlement français, convaincu de l’innocuité du PTFE et sensible aux arguments de SEB-Tefal des risques de pertes d’emploi au sein de ce fleuron de l’industrie française.
En évitant de mettre les instruments de cuisine dans la loi, l’entreprise a clairement gagné quelques années de répit. C’est clair, ils ont gagné, admet Anne-Sophie Lahaye. « Mais nous avons gagné une bataille culturelle. Les PFAS, c’était un sujet assez méconnu, voire inconnu, il y a deux ou trois ans. Aujourd’hui, il a quand même traversé pas mal de débats publics et finalement les poêles en téflon sont devenus un symbole de cette lutte contre les PFAS. »