« Les études ont également démontré qu’au plus tôt aura lieu le redoublement, au plus il y aura de redoublements par la suite, ce qui augmente les chances de décrochage scolaire. » Pour lui, c’est la compétition qui fait baisser les bras aux élèves. « Celui qui a peu de points sera découragé très vite et moqué par les autres élèves. » C’est donc certain : « il ne faut pas faire doubler les enfants à l’école primaire et en secondaire. Ils devraient pouvoir avancer sans doubler jusqu’à 15 ans et c’est la même chose pour les examens de passage qui sont tout aussi inefficaces« . « Tous les pays qui ont instauré un tronc commun ne font pas doubler leurs élèves. Ils organisent des évaluations formatives et des remédiations. Pourquoi ferait-on doubler des élèves en Belgique dans le tronc commun ?« , questionne-t-il.
« Notre volonté en mettant en œuvre le pacte n’est pas de dire que tout le monde va redoubler, on sait que ce n’est pédagogiquement pas la meilleure solution« , affirme Elisabeth Degryse. « Mais il n’empêche que M. Forthomme a raison sur le constat qui est posé, cela se dit dans tous les groupes de jeunes : ‘c’est facile entre la première et la deuxième. De toute façon on ne doit pas étudier parce que l’on passe.’ Il y avait un effet contraire à ce qui est souhaité. La volonté n’est pas de serrer la vis mais de faire ce qui est prévu dans le pacte et faire en sorte de réussir chaque année.«
Et pour elle, ce sont les évaluations continues qui devraient permettre d’y arriver. « Cela veut dire que les élèves ne réussiront pas leur année uniquement à la suite d’examens mais bien grâce au travail fourni tout au long de l’année.«
« Si on organise le tronc commun avec le système que l’on a actuellement, ce sera raté« , réplique Jean-Pierre Coenen. « L’école doit veiller à ce que l’apprentissage soit fait. Or, on sait que 60% de l’année scolaire est consacré aux évaluations et aux examens. Que l’on supprime ça et nous aurons plus de temps pour apprendre la matière aux élèves. » Un enseignement qui devrait plutôt passer par la case « pédagogie active ». « Si on fait du frontal, les élèves ne trouveront pas de sens à ce qu’on leur raconte. La pédagogie active permet de faire travailler des groupes hétérogènes ensemble, c’est-à-dire des groupes composés d’élèves qui savent expliquer à ceux qui n’ont pas compris« , suggère-t-il.