Que faire des surfaces occupées actuellement par les magasins hypermarchés Cora ? Ce sont chaque fois plusieurs milliers de m2 pour lesquels il faudra trouver une nouvelle affectation. Celle-ci devra permettre de conserver, voire de renforcer l’attractivité des galeries commerçantes et centres commerciaux attenants.
Car mine de rien, même si le modèle économique des hypermarchés a du plomb dans l’aile ces dernières années en raison des changements d’habitudes des consommateurs et de la concurrence accrue d’autres chaînes de magasin, l’hypermarché jouait encore un rôle de locomotive pour la galerie commerciale voisine. Alors, comment pourra-t-on, à l’avenir continuer d’attirer les clients sans la présence d’un hyper ?
Une première option, c’est celle du commerce alimentaire sous la forme d’un supermarché, c’est-à-dire une grande surface plus petite que les actuels Cora, où l’on ne vendrait plus, par exemple, d’appareils d’électroménagers, de TV, d’ordinateurs, d’articles de décoration et de bricolage, de vêtements, etc. « Là, vous avez un vrai potentiel pour créer un grand supermarché de plus de 2500 mètres, 3000 mètres carrés à tout casser, mais pas plus« , estime Jean-Luc Calonger, spécialiste du marketing, responsable de Tocema, un organisme spécialisé dans le management des centres-villes et fin connaisseur du développement des sites commerciaux.
L’offre alimentaire est en croissance, en explosion de tous les côtés.
Jean-Luc Calonger, spécialiste du marketing
Selon lui, les enseignes de grande distribution spécialisées dans l’alimentaire sont en plein essor. « L’offre alimentaire est en croissance, en explosion de tous les côtés« , explique-t-il, estimant qu’un nouveau supermarché adossé à une galerie commerçante, « c’est jouable« . D’autres enseignes, jusqu’à présent concurrentes de Cora, sont probablement prêtes à occuper le terrain. « Il y en a un qui vient de mourir et donc il y a des parts de marché que les autres vont vouloir aller récupérer« , résume Jean-Luc Calonger.
Un supermarché, cela n’occupera qu’une partie des mètres carrés libérés par un hypermarché Cora. « Donc il va falloir quand même trouver deux, trois surfaces de 2000 ou 3000 mètres carrés pour remplir et créer une attractivité parce qu’il faut créer une attractivité« , explique Jean-Luc Calonger.
Deuxième piste, les commerces du « low end retail ». Il s’agit ici des commerces qui se targuent de vendre au prix le plus bas. C’est le cas, par exemple, d’Action mais aussi d’enseignes aussi variées que Tedi, Zeeman, Extra ou Primark, pour n’en citer que quelques-unes. Des enseignes de ce style pourraient être tentées, si elles ne sont pas déjà présentes dans les parages, par une partie des milliers de mètres carrés libérés. Le low end retail est à ranger dans « les secteurs en croissance qui font du développement commercial« , estime Jean-Luc Calonger.
Troisième piste, tout ce qui est lié à l’horeca. « Ça, c’est en croissance partout sur notre territoire« , souligne Jean-Luc Calonger, tout en doutant de la capacité de restaurants d’être des locomotives pour un centre commercial. De plus, cela concurrencerait très probablement des établissements déjà installés dans la galerie ou aux alentours.
Une quatrième piste, celle des loisirs, pourrait attirer du monde et redéployer des surfaces commerciales disponibles. « On a pour le moment énormément de nouveaux concepts de loisirs qui se développent et ces gens-là sont à la recherche de mètres carrés et cela peut aller jusqu’à 20 ou 25.000 m2« , explique Jean-Luc Calonger. On pense ici aux parcs à trampoline, aux jeux d’arcade, aux parcours « ninja », à tout ce qui touche à la réalité augmentée, par exemple. « Prenons par exemple, dans le centre-ville de Lille, la galerie des Tanneurs qui était en train de s’effondrer. Ils ont créé tout un étage de jeux d’arcades. Maintenant, c’est très fréquenté, Les familles viennent« , commente Jean-Luc Calonger.
Une autre piste, c’est d’attirer des enseignes spécialisées dans l’équipement de la personne ou de la maison. Mais il s’agit ici d’un secteur d’activité qui rencontre assez bien de difficultés ces dernières années. On classe ici notamment les magasins de vêtements et de chaussures ou des enseignes de décoration. Dans ce secteur, un paquet d’enseignes ont déjà dû fermer boutique ou restructurer, qu’il s’agisse de Brantano, de Casa, Blokker, Wibra, Pimkie, Orchestra, E5 Mode, pour ne citer que celles-là.
Enfin, il y a des secteurs d’activité encore peu développés en Belgique, voire pas développés du tout qui commencent à s’intéresser aux centres commerciaux. Le géant chinois du commerce en ligne Shein a déjà ouvert des boutiques éphémères en France, par exemple. Toujours en France, des sociétés actives dans le domaine des services à la personne, s’installent dans les centres commerciaux pour être au contact de leur clientèle, par exemple les seniors qui souhaitent continuer à vivre à domicile.