Cette semaine aura été marquée par les sorties de Donald Trump, le sort plus qu’incertain de l’Ukraine, l’Union Européenne obligée de se redéfinir dans la précipitation, la géopolitique bousculée, la multiplication des prises de position, mais le monde politique belge, lui, semblait bel et bien profiter de ses vacances de Carnaval, tant les réactions furent parcimonieuses.
Le débat politique ne manquera de revenir, notamment sur cette hausse brutale du budget de la Défense.
Trouver quatre milliards d’euros
Bart De Wever l’a annoncé : la Belgique entend porter son budget de la Défense à 2% du PIB d’ici le sommet de l’OTAN en juin prochain. Cela représente un effort annuel de plus de quatre milliards d’euros, soit bien plus que toutes les économies envisagées dans les projets budgétaires du gouvernement fédéral.
Hormis au PTB, l’accroissement des dépenses militaires fait globalement consensus au sein de la classe politique. Mais cela est récurrent. En 2014, le gouvernement Michel avait déjà promis d’atteindre les 2% du PIB en 10 ans. Finalement, il aura plutôt désinvesti. Le gouvernement De Croo aura déjà fourni un effort avec le plan STAR qui augmente les effectifs de la Défense pour atteindre 29.000 personnes d’ici 2030, alors qu’on était descendu à 26.000 militaires en 2021.
Le nouveau Premier ministre a promis de venir avec des propositions la semaine prochaine. La marge de manœuvre reste étroite, d’autant que rapidement le budget de la Défense devra à nouveau être relevé.
Le retour du « quoi qu’il en coûte »
Comme le gouvernement De Croo rattrapé par la crise Covid et la flambée des prix de l’énergie, comme le gouvernement wallon Di Rupo submergé par le coût des inondations, le gouvernement De Wever risque-t-il de voir ruinées ses ambitions de rigueur budgétaire et devoir lui aussi, s’en remettre au « quoi qu’il en coûte » ? Et ce d’autant plus que l’extrême rigoriste Allemagne, menée par la CDU-CSU (le parti modèle de Bart De Wever) a décidé elle aussi d’ouvrir les vannes de l’endettement ? Le gouvernement De Wever rattrapé par la réalité du monde ?
Une bonne nouvelle toutefois : la Commission européenne va permettre d’exclure des contraintes budgétaires, les efforts de défense supplémentaires.
La Belgique devra aussi rapidement investir. On ne se dote pas en quelques mois de nouvelles capacités militaires. Où trouver le personnel dans un marché de l’emploi en pénurie, surtout avec des perspectives de carrière dégradées ?
Faut-il pour autant exclure toutes économies supplémentaires, alors que l’endettement de la Belgique risque à nouveau de se creuser ? Les prochaines semaines le diront. Les mesures déjà annoncées s’avèrent insuffisantes selon la Banque Nationale ou la plupart des économistes. Elles affectent principalement les dépenses sociales fédérales. Après les différentes réformes de l’Etat, la Sécurité Sociale demeure le principal poste de dépenses fédérales. Va-t-elle être touchée encore plus ? Le gouvernement De Wever devra-t-il procéder à de douloureux arbitrages entre Sécurité et Sécurité Sociale ?