
Depuis plusieurs jours, l’ouest de la Syrie est le théâtre d’affrontements d’une rare intensité entre factions rivales, plongeant des milliers de civils dans l’horreur. Selon des informations concordantes, plus de 500 civils appartenant à la communauté alaouite ont péri depuis jeudi dans des combats opposant des forces loyalistes à des groupes armés hostiles au régime de Damas. Ces violences, concentrées dans les régions côtières de Lattaquié et Tartous, bastions historiques de la minorité alaouite, ont également fait plus de 200 victimes parmi les forces de sécurité et les combattants, portant le bilan total à plus de 700 morts.
Un chaos meurtrier aux racines complexes
Les tensions ont éclaté après des semaines de crispations dans cette zone stratégique, où les allégeances politiques et religieuses se mêlent à des luttes de pouvoir locales. La région, longtemps considérée comme un refuge pour les soutiens du clan Assad, est aujourd’hui fracturée par des rivalités internes et l’émergence de groupes rebelles, dont certains affiliés à des mouvances islamistes. Les civils, pris en étau, paient le prix le plus lourd : des témoins évoquent des exécutions sommaires, des pillages systématiques et des déplacements forcés, tandis que des hôpitaux et des infrastructures vitales sont devenus des cibles.
À Jablé, localité proche de Lattaquié, des habitants décrivent des « combats de rue » incessants, transformant des quartiers entiers en champs de bataille. Un hôpital national aurait notamment été attaqué, selon des sources locales, illustrant l’effondrement des règles les plus élémentaires de protection des civils.
Un pouvoir fragile face à l’escalade
Le nouveau gouvernement, issu d’une coalition rebelle dominée par des factions islamistes sunnites ayant renversé Bachar al-Assad en décembre, peine à contenir la violence. Le président Ahmed al-Chareh a lancé un appel solennel aux insurgés, les sommant de déposer les armes « avant qu’il ne soit trop tard », tout en promettant de rétablir le monopole de la force par l’État. Mais sur le terrain, les forces de sécurité semblent dépassées, multipliant les opérations de ratissage et les renforts militaires sans parvenir à endiguer les représailles.
Certains observateurs pointent du doigt les divisions ethnico-religieuses et les rancœurs accumulées après des années de guerre civile. Les Alaouites, minorité chiite dont est issu l’ancien régime, sont perçus comme des symboles du pouvoir déchu, alimentant un cycle de vengeances.
L’urgence d’une mobilisation internationale
Alors que le calme relatif revient progressivement, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. Pourtant, chaque heure perdue aggrave le désastre humanitaire : familles déchirées, enfants traumatisés, villages réduits en cendres… Les organisations locales alertent sur la pénurie de médicaments, l’accès bloqué à l’eau potable et la menace d’une crise alimentaire.
Il est inadmissible que ces crimes se déroulent dans l’indifférence. Les États-Unis, l’Union européenne, les Nations unies et les pays arabes doivent exiger un cessez-le-feu immédiat, faciliter l’acheminement de l’aide et soutenir les initiatives de médiation. La Syrie ne peut sombrer à nouveau dans le chaos sans que le monde ne réagisse.
La question n’est plus de savoir qui gagnera cette guerre, mais comment empêcher l’anéantissement d’un peuple. Les civils syriens méritent bien plus que des condoléances : ils ont besoin d’une action collective, ferme et rapide, avant que cette tragédie ne devienne un génocide oublié de l’Histoire.