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Lahcen Hammouch : « L’heure de la colère : Grève générale au Maroc face à la répression syndicale »

Le 5 février 2025, le Maroc s’apprête à vivre une journée de grève générale, orchestrée par plusieurs syndicats, dont la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD). Tandis que la CDT, l’ODT et la FSD appellent à une grève de 24 heures, l’UMT choisit de prolonger son mouvement sur deux jours, les 5 et 6 février, afin de mobiliser un maximum de travailleurs des secteurs public et privé.

Cette mobilisation fait écho à des tensions croissantes autour du projet de loi organique n°97.15, actuellement en cours d’examen par la Chambre des conseillers. Les syndicats dénoncent des mesures jugées oppressives qui restreignent la liberté d’organisation des grèves. Ils critiquent fermement le processus législatif, arguant que malgré plus de 200 amendements proposés, le fond du texte reste inchangé et en contradiction avec l’article 29 de la Constitution, qui garantit le droit de grève.

Chacune des centrales syndicales, tout en partageant le même rejet de la politique gouvernementale, propose sa propre analyse de la situation. La CDT accuse le gouvernement d’utiliser sa majorité parlementaire pour faire passer la loi sans tenir compte des revendications des travailleurs. L’UNTM déplore un manque de dialogue et alerte sur une approche jugée coercitive et nuisible à l’expression syndicale. L’ODT va jusqu’à déclarer que cette législation est « anticonstitutionnelle » et menace de porter l’affaire devant la Cour constitutionnelle et l’Organisation internationale du travail. La FSD met en avant les risques que ce projet fait peser sur les acquis sociaux, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Enfin, l’UMT justifie son appel à une grève de 48 heures par l’urgence d’un véritable dialogue social et l’absence de consensus sur un texte aussi délicat.

Les critiques à l’égard du gouvernement d’Akhnnouch ne se limitent pas à cette seule législation. De nombreux observateurs dénoncent une politique chaotique et dangereuse qui, selon eux, néglige les besoins pressants de la population. Les syndicats pointent du doigt une gestion économique déficiente, avec une inflation galopante qui grève le pouvoir d’achat, laissant les citoyens dans une précarité croissante. Les réformes unilatérales, telles que la fusion entre CNOPS et CNSS, sont perçues comme des mesures qui favorisent les intérêts privés au détriment des services publics.

Le gouvernement est également critiqué pour son manque de transparence et son incapacité à engager un véritable dialogue social. Les sessions de négociation, souvent annulées, laissent les travailleurs dans l’incertitude, tandis que les décisions sont prises sans consultation préalable des parties prenantes. Cette approche est jugée dangereuse, car elle alimente le mécontentement populaire et fragilise la cohésion sociale.

Les organisations syndicales mettent en garde contre la possibilité de nouvelles actions de protestation, y compris des recours juridiques, si le gouvernement ne répond pas à leurs préoccupations. La grève imminente pourrait avoir des répercussions significatives, risquant de perturber les services dans des secteurs vitaux tels que l’administration, les transports, l’éducation, la santé et plusieurs grandes entreprises.

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