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En route vers une éthique de paix et de non-violence

Par Martin Hoegger

L’un des moments forts de la réunion Ensemble pour l’Europe à Timişoara (Roumanie, 16-19 novembre 2023) a été un atelier sur la paix. Elle a donné la parole à des témoins venus de pays en guerre, comme l’Ukraine et la Terre Sainte. Tous ont des amis et de la famille dans ces régions.

Connaître personnellement des personnes originaires de régions en conflit change notre perception. Avez-vous des amis ou des parents dans ces régions ? Si tel est le cas, nous ne pouvons plus parler de ces conflits en termes théoriques car des personnes sont impliquées. Autre question : êtes-vous impliqué dans un projet d’entraide dans des zones de conflit ? Nicole Grochowina, de la communauté protestante de Selbitz en Allemagne, a demandé aux participants de répondre à ces questions au début de l’atelier.

Éduquer à la paix et au dialogue

Donatella, un Italien vivant en Ukraine qui a passé 24 ans en Russie dans une communauté des Focolari, déclare : « Cette guerre est une blessure ouverte. Il y a beaucoup de souffrance autour de moi. La seule réponse que je puisse trouver est de regarder Jésus crucifié. Son cri me donne un sens ; sa douleur est un passage. Puis j’ai compris que l’amour est plus fort que la douleur. Cela m’aide à ne pas me replier sur moi-même. Très souvent, nous nous sentons impuissants. Tout ce que nous pouvons faire, c’est écouter et offrir un peu d’espoir et un sourire. Nous devons créer un espace en nous-mêmes pour écouter profondément et amener la douleur dans notre cœur afin de pouvoir prier ».

Un autre participant à cette table ronde est né à Moscou et y a vécu 30 ans. Sa mère est russe et son père ukrainien. Elle a des amis en Russie et en Ukraine. Personne ne croyait qu’une telle guerre serait possible et que Kiev serait bombardée ! Elle s’est rendue disponible pour accueillir des réfugiés. Cependant, elle n’est pas à l’aise avec la rhétorique de ceux qui rejettent tous les Russes. Elle souffre car elle est tiraillée entre les deux partis.

Margaret Karram, la présidente du mouvement des Focolari – une Israélienne d’origine palestinienne – prononce pour elle trois mots très actuels : « fraternité, paix et unité ». Le moment est venu de mettre en avant nos devoirs car il ne suffit pas de parler d’une paix juste, il faut éduquer les gens à la paix et au dialogue.

Née à Haïfa, où vivent ensemble juifs et palestiniens, elle a étudié dans un environnement catholique avec une présence musulmane. A Haïfa, ses voisins étaient juifs. Sa foi lui a permis de surmonter la discrimination.

Elle vécut ensuite à Jérusalem, dans une ville où de nombreuses divisions séparent les gens. Elle a été choquée par cela et a travaillé pour les rapprocher. Plus tard, elle a étudié le judaïsme aux États-Unis. De retour chez elle, elle s’est impliquée dans plusieurs initiatives interconfessionnelles, notamment en faveur des enfants. Elle a découvert que tant de choses sont communes aux trois religions.

Philip McDonagh, directeur du Centre des religions et des valeurs de l’Union européenne, souligne que l’article 17 de la Charte européenne appelle à un renforcement du dialogue. Concernant les revendications territoriales, il est convaincu que le temps est plus important que l’espace, et que le tout est plus grand que la somme de ses parties.

La diplomatie des « vertus théologales »

Sylvester Gaberscek est un ancien secrétaire d’État au ministère slovène de la Culture. Faiseur de ponts entre des partis très différents, il entretenait des relations avec des hommes politiques de tous bords. Il a découvert qu’il est possible de travailler ensemble pour le bien commun malgré la haine. Il a pratiqué ce qu’il appelle « une diplomatie de foi, d’espérance et d’amour ».

Appelé au Kosovo et en Serbie pour dispenser une formation au dialogue, il découvre que « la seule chose que je devais faire était d’écouter et de comprendre tout le monde. « Les gens en ont été transformés ».

Édouard Heger, ancien président et Premier ministre de Slovaquie, se demande comment sortir d’une guerre et empêcher la suivante. C’est la question centrale. Il estime qu’à la base de toute guerre se trouve toujours un manque d’amour et de réconciliation.

La vocation des chrétiens est d’être des gens de réconciliation. Ils doivent conseiller les dirigeants politiques en vue de la réconciliation. Mais la réconciliation dépend aussi de nous, de notre courage et de notre expression avec amour. Les gens veulent ce message.

Mgr Christian Krause, ancien président de la Fédération luthérienne mondiale, souligne qu’un ami peut rapidement se transformer en ennemi. Seul l’amour pour Jésus peut surmonter cette douleur. En effet, ses béatitudes sont un phare de lumière. Les deux hommes politiques ci-dessus ont eu le courage de suivre Jésus en les vivant.

En Allemagne de l’Est, avant la chute du Mur, l’Église était un lieu de liberté. Un miracle de Dieu a eu lieu. Oui, cela vaut la peine d’espérer en Dieu et de le rendre public. Les portes des Églises doivent rester ouvertes en ces temps de transformation. Et que les chrétiens soient des artisans de réconciliation.

« Nous sommes une minorité, mais créative », dit-il. Sans un pacte d’amour mutuel, nous ne pouvons pas être sûrs que Jésus est parmi nous. Mais s’il l’est, c’est lui qui construit la maison. Et le miracle de la réconciliation s’accomplira… en Europe et dans le monde entier !

Photo : De gauche à droite, Edouard Heger, Margaret Karram, Sylvester Gaberscek et S. Nicole Grochowina

Publié à l’origine dans The European Times.

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