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Une unité à consolider et à élargir – europeantimes.news

Après le mot « amour » sur le thème de « l’œcuménisme du cœur », que j’évoquais dans mon article précédent, « unité » est le deuxième mot que je voudrais utiliser pour réfléchir sur l’Assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Églises à Karlsruhe début septembre.

L’unité d’abord avec Dieu ! L’union avec Dieu est en effet la source de l’unité entre nous. Toute l’assemblée était ancrée dans des études bibliques quotidiennes, des prières du matin et du soir où les participants priaient ensemble et selon différentes traditions liturgiques occidentales et orientales. Sans la prière, le COE ne serait que le pendant des Nations Unies ! Et sans la foi, le COE ne serait qu’une autre ONG. Le cœur de la foi doit être le cœur de l’œcuménisme. En ce sens, l’archevêque anglican Justin Welby appelle à « être fort au cœur de notre foi mais détendu dans ses limites ».

Au centre de « l’oasis de paix »[1] la tente des fêtes au nom évocateur, se tenait une icône de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, symbolisant le désir du Christ de rencontrer chaque personne, de la transformer et de la mettre sur son chemin.

Unité autour du Christ

La séance plénière sur l’unité de l’Église a commencé par le chant de Taizé « Ubi Caritas… » (« Là où il y a amour et charité, là Dieu est présent »). Frère Alois, prieur de Taizé, dit que notre union avec le Christ doit précéder les formules dogmatiques. Se tourner vers lui ensemble nous amène alors à le confesser ensemble. D’où l’importance de la prière commune que sa communauté veut vivre avec tous, surtout avec les jeunes.

Les relations sont essentielles pour approfondir la communion fraternelle entre les Églises membres du COE. Le père orthodoxe roumain Ioan Sauca, secrétaire général du COE, en est convaincu. Il souligne en particulier l’importance du Forum chrétien mondial, une plate-forme entre le COE, l’Église catholique, l’Alliance évangélique mondiale et les Églises pentecôtistes pour élargir l’expérience de l’unité chrétienne. Il encourage le COE à poursuivre son soutien.

Quant au pasteur sud-africain Jerry Pillay qui lui succédera, il a la vision d’un COE « pertinent, priant, célébrant et cheminant ensemble », dont la priorité sera de consolider l’unité visible des Églises, cruciale pour témoigner dans un monde divisé et blessé. Et cette unité ne peut être que « kénotique », dans le style humble et épuré du Christ.

Mgr Brian Farrell, secrétaire du « Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens » (ainsi rebaptisé en juin dernier), exprime l’appréciation de l’Église catholique pour le travail du COE sur l’ecclésiologie : « Vers une vision commune de l’Église ». Le document identifie les convergences et les différences (compatibles ou non) ; il donne des paramètres pour l’avenir. Son espoir est que le mouvement œcuménique s’enracine davantage dans une foi kérygmatique et charismatique, qu’il soit à l’écoute des jeunes et que les Églises s’attendent les unes aux autres. « Nous devons revenir à la simplicité de Jésus et de l’Évangile. Nos philosophies et nos théologies ne peuvent résoudre nos crises. En fin de compte, c’est la grâce du Christ qui nous conduira à l’unité ».

Ce document sur l’Église est certainement une réalisation majeure. Mais les défis entre et au sein des églises aujourd’hui sont plus des questions morales, en particulier dans le domaine de la sexualité. L’archevêque orthodoxe Job Getcha estime que l’objectif premier du COE, à savoir l’unité visible entre les chrétiens, a été relégué au second plan. « En tant que chrétiens, nous sommes interpellés par la guerre fratricide entre chrétiens en Ukraine. Est-ce là le témoignage que nous voulons donner au monde sécularisé ? Nous devons nous repentir et nous réconcilier. Le mot ‘réconciliation’ est la clé de l’avenir ».

Jacqueline Grey, bibliste pentecôtiste australienne, se demande si les fils de Zébédée (qui se considéraient comme les favoris de Jésus) ne seraient pas pentecôtistes ? Ils sont jeunes, ambitieux, sûrs d’eux et en conflit avec les autres disciples. Mais Jésus les appelle à se rassembler autour de lui. « C’est ainsi que Jésus continue de nous appeler aujourd’hui. J’espère une plus grande participation pentecôtiste au mouvement œcuménique. Même si nous sommes un jeune mouvement, nous apprenons vite. Dépassons les suspicions et les stéréotypes : cela nécessite de s’aimer et donc de mieux se connaître » !

De nouveaux défis pour l’unité des chrétiens

J’ai participé à une «conversation œcuménique» sur l’ecclésiologie préparée par des membres de la Commission de Foi et Constitution. Il a identifié quelques réflexions élargies sur l’unité chrétienne.

La pandémie de Covid-19 a soulevé divers défis et questions ecclésiologiques. Que signifie être (et faire) Église au milieu d’une pandémie ? Quels sont les présupposés théologiques et les implications de la pandémie pour la vie liturgique, sacramentelle, communautaire, diaconale et missionnaire de l’Église ?

La révolution numérique a également soulevé de nouvelles questions. Où est l’Église dans le monde en ligne ? Qu’en est-il, par exemple, d’un Dîner du Seigneur partagé sur Internet pendant la pandémie ?

La question de la spiritualité est cruciale, en particulier pour le «continent des jeunes», qui est souvent déconnecté de l’Église et aspire à comprendre comment la théologie est appliquée dans la vie quotidienne. En effet, le COE a pris au sérieux la participation des jeunes. Leurs voix fortes et claires ont été entendues et encouragées. Leur participation a suscité beaucoup d’optimisme pour l’avenir du mouvement œcuménique, à travers un rassemblement de pré-assemblée de plus de 300 jeunes et la rencontre de plus de 140 jeunes théologiens dans le cadre du programme de l’Institut théologique œcuménique mondial (GETI).

L’expérience de la sécularisation dans de nombreux pays pose aussi la question de savoir comment l’Église peut témoigner dans un contexte où elle n’a plus la même autorité et le même rayonnement culturel.

Surtout, cette affirmation me donne matière à réflexion : « La chrétienté mondiale se développe plus vite que le mouvement œcuménique ». S’il est extrêmement fragmenté avec des milliers d’églises indépendantes dans le monde, quelles devraient être les priorités ? Comment pouvons-nous atteindre ces nouvelles églises et les inviter à se joindre à un pèlerinage de réconciliation et d’unité ?

Photo : Albin Hillert, COE


[1] Une évocation de Neve Shalom – Wahat comme Salam (signifiant en hébreu et en arabe « Oasis de paix »), un village habité par des juifs et des arabes, fondé en 1969 après la guerre des Six Jours. La discussion sur le conflit israélo-palestinien a été très présente lors de l’assemblée de Karlsruhe et a même été le débat le plus contradictoire.

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