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Discours du secrétaire général de la COMECE sur FoRB concernant le massacre religieux – europeantimes.news

C’est un honneur pour la COMECE de participer à cet événement important avec tant de
invités distingués. Je tiens à remercier la Commission européenne pour cette invitation, qui me permet de soumettre quelques réflexions sur la question de la liberté de religion au sein de l’UE. Ce sujet est très proche du cœur de la COMECE.

Liberté de la religion est principalement une question dont les États membres sont responsables. Cependant,
la question est devenue de plus en plus présente au UE niveau, notamment dans sa jurisprudence.

C’est ce que montre de façon frappante le jugement sur l’abattage rituel des animaux. Nous sommes ravis que la Commission ne recule pas devant des questions aussi sensibles. Nous espérons qu’il s’agira de la première d’une série d’initiatives visant à discuter de cas où la liberté de religion et le droit de l’UE se recoupent.

La COMECE plaide haut et fort depuis de nombreuses années pour la promotion et la protection du droit fondamental à la liberté de religion pour tous. Nous sommes prêts à être aux côtés des autres confessions religieuses lorsque leur liberté de religion est en danger.

Alors que la question de l’abattage rituel des animaux n’est pas un problème au sein de la religion chrétienne
pratique, la COMECE se sent responsable de soutenir les communautés juives et musulmanes à cet égard. Nous sommes très préoccupés par tout développement susceptible de porter atteinte à la liberté de religion.

Nos principaux messages dans ce contexte spécifique sont au nombre de trois :

Point 1 Un droit fondamental appartenant aux personnes et en fait à des communautés entières ne peut jamais être mis sur le même plan que le bien-être des animaux. Pour l’Église catholique, la personne humaine doit rester au centre de droits humains Stratégies.

Point 2 En abordant cette question, il est problématique d’équilibrer la liberté de religion des croyants avec la position de ceux qui s’opposent à l’abattage rituel en raison de leurs convictions. Cela soumettrait les communautés religieuses à une érosion de leurs droits vis-à-vis des revendications des opinions dominantes réelles ou perçues au sein des sociétés(1). Nous avons été témoins avec inquiétude d’évolutions similaires avec la circoncision et la COMECE a pris des initiatives fortes à cet égard (2).

Point 3 La COMECE estime que négliger ou mettre en péril un droit fondamental (en l’occurrence : la liberté de religion) signifie mettre en danger l’ensemble de l’architecture des droits fondamentaux, qui sont universels, indivisibles, interdépendants et interreliés.

Le programme de travail de la Commission pour 2023 comprend la réforme de la législation de l’UE sur le bien-être animal. À la lumière de l’article 10 de la Charte de l’UE, les dispositions relatives à la liberté de religion dans le règlement de l’UE ne peuvent être déclassées et, si possible, devraient être renforcées. Nous attendons également des évolutions positives de Strasbourg dans l’affaire pendante Executief van de Moslims van Belgie et autres c. Belgique.

Il est également important de promouvoir l’alphabétisation religieuse au sein des pouvoirs publics, y compris au
niveau judiciaire. L’analphabétisme religieux peut ouvrir la voie à l’abus des sentiments religieux au sein de la population. Légiférer et statuer sur la liberté de religion nécessite une bonne connaissance des confessions religieuses, de leurs principes, de leur compréhension de soi et de leurs structures. Ce point a été souligné lors d’une visite des experts juridiques de la COMECE à la Cour européenne de justice.

La Cour européenne s’est également prononcée sur les symboles religieux au travail, avec un avis plutôt favorable sur les politiques de neutralité des entreprises. Nous saluons l’ouverture accrue à la religion dans le récent jugement WABE. Dans une perspective future, nous voudrions célébrer la reconnaissance que la religion et les croyances religieuses sont considérées comme si intimement liées à une personne qu’elles sont considérées comme une « caractéristique inséparable » de chaque personne en tant que telle (3).

Nous affirmons avec force que la religion ne peut être considérée comme quelque chose qui peut être « laissé à la porte » (4).

Du point de vue des droits fondamentaux, une position pro-neutralité n’est pas dépourvue de risques : la frontière entre neutralité et hostilité envers la religion est mince. Il importe également de ne pas réduire la liberté de religion à la lutte contre les discriminations religieuses : la liberté de religion, c’est aussi pratiquer sa foi, la diffuser, en suivre les préceptes et concerne aussi l’organisation interne des religions.

Concernant le discours de haine et les crimes de haine, il s’agit d’un phénomène grave à condamner sans réserve et l’Église s’engage à contribuer à des politiques efficaces. Cependant, les dispositions visant à criminaliser le discours de haine nécessitent des évaluations attentives au regard des droits fondamentaux, y compris la liberté de religion : des sanctions pénales peuvent frapper la simple expression d’idées et les actions menées par les Églises et les communautés religieuses qui ne font que pratiquer et exprimer leurs convictions.

Concernant la protection des lieux de culte, nous apprécions la priorisation du dossier par l’UE et l’inclusivité envers les religions. Cependant, nous avons constaté des réticences à admettre le lien avec le plein exercice de la liberté de religion. La COMECE souligne que la protection des lieux de culte est importante non seulement pour des raisons de sécurité ou pour leur valeur symbolique, mais surtout en vue de sauvegarder la liberté de religion, qui s’exerce principalement dans ces lieux. Cet élément a également été mis en évidence par le pape François (5).

Nous espérons également qu’à l’avenir, la religion ne sera pas négligée comme elle l’a été dans le contexte du Covid-19. Nous avons remarqué un manque de dialogue, des mesures disproportionnées, une priorisation d’autres domaines de la vie et même l’absorption de la religion sous des rubriques plus larges comme la culture. Il y a eu un échec à saisir la centralité de la foi et de sa pratique pour des millions de citoyens.

Enfin, il est crucial de rappeler que la liberté de religion a un aspect public et un aspect institutionnel
aspect, à protéger aussi fermement que le privé. Toute tentative de confiner la religion à la
la sphère privée va à l’encontre des droits fondamentaux tels qu’ils sont inscrits à la fois dans la Charte de l’UE et dans la Convention européenne. Faisons en sorte que la liberté de religion puisse être un véritable protagoniste des prochaines années au niveau de l’UE. Je vous remercie de votre aimable attention!

Manuel Barrios

Secrétaire général de la COMECE

1 Cf. § 77 de l’arrêt sur l’abattage rituel : « … la Charte est un instrument vivant qui doit être interprété à la lumière des conditions actuelles et des idées qui prévalent aujourd’hui dans les États démocratiques… de sorte qu’il faut tenir compte des changements dans valeurs et idées, tant au niveau de la société que de la législation, dans les États membres. Le bien-être animal, en tant que valeur à laquelle les sociétés démocratiques contemporaines accordent une importance croissante depuis plusieurs années, peut, à la lumière des évolutions de la société, être davantage pris en compte dans le cadre de l’abattage rituel et contribuer ainsi à justifier la proportionnalité d’une réglementation telle que celle en cause au principal ».

2 Cf. les liens et http://www.comece.eu/criminalisation-of-circumcision-putting-the-fundamental-rights-system-at-risk.

3 Cette possibilité a été évoquée aux §§ 61-62 des conclusions de l’avocat général dans l’affaire SCRL, bien que l’arrêt rendu par la Cour de l’UE ne l’ait pas retenue.

4 Cf. § 116 de l’avis dans l’affaire Achbita « … contrairement au sexe, à la couleur de la peau, à l’origine ethnique, à l’orientation sexuelle, à l’âge ou au handicap d’une personne, la pratique de la religion n’est pas tant un fait immuable qu’un aspect de la vie privée d’un individu, et un, d’ailleurs, sur lequel les salariés concernés peuvent choisir d’exercer une influence. Alors qu’un employé ne peut pas « laisser » son sexe, sa couleur de peau, son origine ethnique, son orientation sexuelle, son âge ou son handicap « à la porte »
entrant dans les locaux de son employeur, on peut s’attendre à ce qu’il modère l’exercice de sa religion sur le lieu de travail, qu’il s’agisse de pratiques religieuses, de comportements à motivation religieuse ou (comme en l’espèce) de son habillement ».

5 « Je tiens à souligner que la protection des lieux de culte est une conséquence directe de la défense de la liberté de pensée, de conscience et de religion, et est un devoir qui incombe aux autorités civiles, quelle que soit leur orientation politique ou leur appartenance religieuse » ( Audience avec le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour la présentation des vœux du Nouvel An, 08.02.2021, https://press.vatican.va/content/salastampa/en/bollettino/pubblico/2021/02/08/ 210208d.html

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